Populaire grâce à ses désignations de « casone » et de « grotte », la place d’Austerlitz est, avec la maison Bonaparte, le point le plus important du pèlerinage napoléonien à Ajaccio.
Mais qu’est-ce que ce mystérieux « casone » et pourquoi le souvenir napoléonien y-est-il si attaché ?
L’histoire remonte au début du XVIIIe siècle, lorsque les jésuites, propriétaires du lieu, décident d’y construire le fameux « casone » (littéralement « grosse maison ») au sommet de ce terrain qui couvre toute la colline jusqu’à la mer.
Après la Révolution et l’arrivée au pouvoir des Bonaparte, le domaine est acheté par Joseph Bonaparte en 1797 puis, quelques années plus tard, il entre dans le patrimoine foncier du cardinal Fesch qui envisage d’y implanter un institut d’études. Finalement, rien n’est construit et le cardinal lègue son terrain de 21 hectares à la ville d’Ajaccio en 1839.
Sans destination particulière pendant près d’un siècle et laissé à l’état sauvage, le lieu sert uniquement pour les manœuvres militaires et l’ancienne maison des jésuites est détruite en 1878…
Il faut attendre 1921 et la célébration du centenaire de la mort de Napoléon pour qu’un projet de réhabilitation du site comprenant la construction d’un monument en son honneur soit évoqué et que la pierre de fondation soit posée le 4 mai. Mais l’idée avance lentement et ce n’est qu’en 1935 que le comité du Monument Napoléon ouvre une souscription publique afin d’ériger sur la place du Casone la statue de Napoléon Ier d’après Emile Seurre (1798-1858) exposée dans la cour anglaise de l’Hôtel de Ville depuis 1921.
Le chantier, dont la direction est confiée à Roger Seassal (1885-1967), lauréat du Grand prix de Rome d’architecture en 1913, est achevé en 1938 et inauguré le 18 mars. La cérémonie est faite dans une ambiance très particulière car elle est synonyme d’un attachement profond à la France alors que Mussolini et l’Italie fasciste ont des visées d’annexion de la Corse.