Ajaccio a longtemps été le parent pauvre de la Corse en matière d’art et d’éducation. Comme dans la plupart des domaines, l’action de la famille Bonaparte est prépondérante. Au début du XIXe siècle, lorsqu’ils arrivent au pouvoir, les Bonaparte connaissent donc bien les carences de leur ville natale.
En 1801, Lucien Bonaparte, jeune frère de Napoléon, est ministre de l’Intérieur et il en profite pour faire expédier à Ajaccio 12 310 ouvrages confisqués aux congrégations religieuses et à la noblesse durant la Révolution. La Bibliothèque Nationale du Liamone, ancêtre de l’actuelle bibliothèque, est née.
Plus tard, en 1839, le cardinal Fesch lègue, en plus de ses tableaux, sa collection de 8 130 livres : « Je laisse à titre de legs à mon dit grand Etablissement d’Etudes à Ajaccio ma Bibliothèque avec tous mes livres qui y sont contenus ».
Pourtant, à cette date, il n’y a pas de bibliothèque construite à Ajaccio et on suppose que les livres sont entreposés quelque part dans l’hôtel de ville, puis dans les combles du Palais Fesch qui n’est toujours pas achevé.
C’est encore une fois Napoléon III qui permet l’achèvement des projets conçus par Napoléon Ier et le cardinal Fesch. Le chantier est confié aux trois architectes qui ont construit la Chapelle impériale quelques années plus tôt : Jérôme Maglioli, Alexis Paccard et Jean Cazeneuve. La bibliothèque, qui ouvre ses portes en 1868, est constituée de trois salles et seule la première est destinée à accueillir le public. Éclairée par seize baies, elle mesure trente mètres de long, neuf de large pour dix de haut et toutes les boiseries des travées sont en noyer. L’entrée est décorée par un escalier monumental à double volée conçu par Jérôme Maglioli et par deux lions en plâtre moulés d’après les originaux sculptés par Antonio Canova pour le tombeau de Clément XIII.