La citadelle

La citadelle d’Ajaccio, comme toutes les citadelles de Corse, fait naturellement penser aux siècles de main mise de la République de Gênes sur l’île. Néanmoins, comme toute chose à Ajaccio, elle se rattache à l’épopée napoléonienne.

Dans les années 1780, Napoléon Bonaparte fait des allers-retours réguliers entre Ajaccio et le continent, dans l’objectif de conquérir un jour le pouvoir dans sa ville natale. Profitant de quelques mois de permission, il serait revenu à Ajaccio et aurait profité de son temps libre pour se promener vers la citadelle où il aurait croisé des officiers d’artillerie en train de faire des essais de tir au mortier. Amusé par leur maladresse, il est pris à partie par les soldats qui lui demandent de faire ses preuves. Napoléon, sûr de lui, s’exécute, touche la cible trois fois consécutivement provoquant ainsi la honte des soldats et l’admiration de la foule.

Après la Révolution française, Napoléon Bonaparte se brouille progressivement avec Pascal Paoli, jusqu’à leur rupture définitive consécutive à l’expédition malheureuse en Sardaigne en 1793.

Cette même année, la citadelle d’Ajaccio est aux mains des partisans de Paoli et le jeune Bonaparte est bien décidé à s’en emparer et imagine alors un subterfuge. Sachant qu’il y a des pièces d’artillerie échouées sur la plage à la sortie de la ville, il convainc le commandant de la citadelle qu’il serait judicieux de les récupérer et de les mettre en lieu sûr derrière les remparts afin qu’elles ne tombent pas entre de mauvaises mains. Il pense berner le commandant facilement, mais la ruse ne prend pas et il est refoulé aux portes de la forteresse. Quelques jours plus tard, Bonaparte fait une nouvelle tentative d’assaut, par la mer cette fois-ci. Le 31 juin 1793, sa flottille arrive dans le golfe et est accueillie par des tirs de canons qui obligent les navires à jeter l’ancre près de la tour de Capitello, à l’autre bout du golfe d’Ajaccio.

Mais Bonaparte est tenace et il finira par avoir sa revanche ! En 1796, le royaume anglo-corse s’effondre et l’occasion est trop belle pour Bonaparte de reconquérir son île d’où il est parti avec perte et fracas trois ans plus tôt. Son ami François Bonelli est chargé de reprendre Ajaccio et sa citadelle. Ce sera chose faite en octobre 1796.